L'Immaculée conception
Elle est fêtée le 8 décembre
La doctrine de l’Immaculée Conception ne dit pas comment Marie a conçu son fils, mais comment elle-même a été conçue. Elle enseigne qu’à la racine de son existence il n’y a pas de péché. Le péché dont il s’agit ne serait pas à chercher dans l’union charnelle de ses parents ; il consiste dans la faute commune de l’humanité dont nous parlons ci-dessus, et qui fait sentir ses effets destructeurs dans toutes les impulsions de l’être humain, physiques ou spirituelles, il faut même dire : surtout spirituelles.
La doctrine de l’Immaculée Conception est constamment mal comprise, dans le sens qu’on vient de dire. C’est d’autant plus fâcheux qu’il en résulte aussitôt un nouveau contresens: on fait dire à la doctrine de l’Église que le domaine du sexe est de soi le domaine du péché ; « idée de moine », dit-on, qui déshonore l’amour humain et sa fécondité. Ce contresens est maintenu avec une obstination évidente qui saute aux yeux de quiconque voit clair – d’autant plus que la teneur de la doctrine est manifeste. Une volonté plus ou moins consciente s’y emploie à dénaturer les grands thèmes de la Révélation.
Cela rappelle une autre falsification, aussi difficile à éliminer; elle concerne l’interprétation donnée au premier péché. On s’obstine à le voir dans l’union sexuelle, dont la condamnation est ainsi imputée à la Révélation; le sens véritable de la doctrine est pourtant manifeste dans les trois premiers chapitres de la Genèse. Quiconque est de bonne foi ne peut pas ne pas le voir : c’est dès la création que le principe est posé; les hommes devront « croître, multiplier et remplir la terre» (Gn 1, 28). Et le premier péché fut un péché de l’esprit, fait d’orgueil et de révolte contre la souveraineté éternelle de Dieu. Malgré tout, l’interprétation incriminée reparaît régulièrement avec une obstination symptomatique. Elle falsifie le sens de toue l’œuvre de la Création ; et il est facile d’y voir la reprise de cette calomnie contre Dieu, qui commence avec les paroles du Tentateur (Gn 3, 4 ss.)