Marie-Madeleine ou l’apprentissage de l’amour
L’Évangile nous offre plusieurs belles figures de femmes. La Vierge Marie la première, mais aussi la Samaritaine, Anne et bien d’autres.
Parmi ces figures, il est en une qui est particulièrement attachante : Marie de Magdala, Marie-Madeleine.
Marie-Madeleine apparaît d’abord comme une pécheresse. Nous ignorons la nature exacte de son péché, mais nous comprenons qu’il est lié à l’amour. Adultère ? Prostituée ? Peu importe : Marie-Madeleine veut aimer, mais aime mal. Et toute l’histoire de Marie-Madeleine est celle d’une éducation à l’amour.
Arrêtons-nous sur un épisode-clé. Celui du matin de la Résurrection. Marie-Madeleine est la première à se rendre au tombeau. Après un temps de confusion, elle reconnaît Jésus parce que Jésus l’appelle par son nom : « Marie ! » Elle veut alors l’embrasser. Mais lui se dégage…
Marie-Madeleine semble avoir besoin de toucher, d’embrasser ; elle cherche un amour tangible. Un peu trop ? Car dans ce passage, elle désire manifestement saisir et garder pour elle. Toujours très sobre, le langage de l’Évangile est cependant clair : l’élan de Marie-Madeleine est bien un élan d’amour, mais d’un amour qui étreint, qui confisque. Nous-mêmes, n’avons-nous pas cette tendance ? En couple, à l’égard de nos enfants, de nos parents : nous voulons conserver l’autre, qu’il ne change pas, qu’il reste auprès de nous, qu’il reste à nous. C’est un besoin très humain !
Or Jésus se retire avec douceur et dit à Marie-Madeleine d’aller annoncer la bonne nouvelle de sa résurrection. De ne pas garder son amour pour elle, mais de l’offrir aux autres. De ne pas garder pour soi, mais de donner. Et Marie-Madeleine devient, comme le disaient nos ancêtres, « la première des Apôtres », la première à annoncer la Résurrection.
Jésus ne fait aucun reproche à Marie-Madeleine de son amour, même mal dirigé. Pas plus qu’il ne fait de reproche à la pécheresse anonyme qui vient lui pleurer sur ses pieds, ce qui a dû donner lieu à une scène assez gênante. Ce n’est pas le fait d’aimer qui est en cause : tout amour est bon, tout élan qui nous porte vers autrui, parce que cet élan vient du saint Esprit.
Ce qui est en cause, c’est ce que nous faisons de l’amour que nous éprouvons. Le mettons-nous au service de ceux que nous aimons ? Cherchons-nous à les faire grandir, à les rendre meilleurs, libres et heureux ?
Que ce temps de l’été, où à la suite de Marie-Madeleine nous quitterons peut-être nos lieux de vie habituels, soit aussi pour nous un apprentissage de l’amour vrai, pour que, ouvrant nos bras et notre cœur, nous aimions plus largement, sans égoïsme, d’un amour qui donne la vie.
Illustration : Marie-Madeleine, tableau de Raphaël retrouvé en 2024 et exposé durant un mois à Saint Maximin, dans le Var